17 février 2015

Confession intime d’une excisée

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Et pourtant, elle avait dit Non!
D’une voix stridente, elle avait crié
De sa petite force, elle s’était débattue
De toutes les larmes de son corps, elle avait pleuré
Avec ferveur, elle avait imploré les étoiles
Soumise à son impuissance, elle avait invoqué la bonté céleste
Face au malheur, elle s’était donc résignée.

Vie brisée, Liberté bafouée, Fille désabusée,
Perdue à jamais, elle était désormais,
Dans les abysses de l’enfer, elle s’était promenée,
Miséricorde divine l’avait quittée et Satan ne voulait guère d’elle.

Ô cauchemar ! Qui diable es-tu pour hanter ses nuits?
Hélas ! Cauchemar n’était point!
Dans les méandres du purgatoire, elle s’était réveillée,
Luttant contre sa Némésis.

Et pourtant, elle avait dit Non !
Mais inaudible était sa voix,
Sous la canicule, elle avait longtemps erré,
Le soleil, elle l’avait salué, mais celui-ci refusant de la brûler,
La pluie, elle l’avait impétueusement défiée,
mais ses fines gouttelettes faisaient mine de l’éviter.

Morte, elle se croyait, mais la faucheuse ne voulait guère l’emporter,
Vivre donc pour ressentir l’écorchure de ce jour,
Ô jour obscur, maudit es-tu !
Toi, le jour où ils décidèrent, faisant fi de son avis,
Atones seront donc ses plaies, honteuses seront donc ses cicatrices
Inaltérables, elle les porterait donc à jamais?
Et pourtant, elle avait dit Non !

Souviens-toi d’oublier, lui avait susurré une voix,
Passèrent les années, Sa destinée, elle l’avait acceptée,
Passions inassouvies, Ardente Concupiscence hélas guère d’extase,
Solitude, solitude ! Douce solitude, Toi qui subodore sa douleur
Que ferait-elle sans toi ?
Pour sonder ses blessures, elle se confie à toi,

Personne pour sauver son âme en peine,
Pis encore, personne pour la comprendre,
Ils ignorent tous que l’amertume
aime se complaire dans la solitude.
Et pourtant, elle avait dit non !

Elle, c’est l’excisée, Elle, c’est toutes les filles qui disent Non !
Non! Sans se faire entendre!
Elle, c’est toutes les filles qui ont séjourné en Enfer et qui y reviennent !
Non! À l’Excision des filles !
Non! À toutes formes de mutilations génitales féminines!

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Commentaires

Fotso Fonkam
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Beau poème, qui en dit long sur l'impuissance de ces fillettes dont la voix ne porte pas assez pour dire NON à l'excision.
Leur voix ne porte pas, et c'est à nous de prendre le relais et de servir de haut-parleur pour amplifier leurs voix, auxquelles les nôtres doivent se joindre.
Pour qu'elle n'aient plus jamais besoin de dire NON, pour qu'elles ne soient plus jamais brisées...

Josette NIANKOYE
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Oui! mon cher!
Amère est leur peine!
Nous nous devons de faire entendre leurs voix!
Cette voix qui sommeille encore!

Merci!

Olivier FONKAM
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Bravo frangine,aussi bien pour le poème que pour le combat. je m'associe à toi

Josette NIANKOYE
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Merci! mon cher!

Emile Bela
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Joli billet!

Josette NIANKOYE
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Grand Merci!

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